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Celui qui ne sait pas écouter ton silence ne pourra pas comprendre tes cris. Le silence est toujours plus parlant, plus expressif, plus explicite que mille mots. Quand on parle, rarement on trouve les mots qui interpréteraient ce que l’on ressent au plus profond de nous-mêmes. La colère, les complexes, les blessures, empêchent souvent les propos de s’agencer pour formuler nos désirs, nos joies et nos peines. Alors, on bégaie, on gesticule, on crie, mais sans pouvoir se décharger de ce fardeau pour apaiser notre âme. Le silence, quant à lui, a cette capacité extraordinaire de trahir tous les handicaps qui empêchent la parole de faire exploser le ressenti. Il fait fi de tout, pour dessiner un tableau exhaustif, que les yeux exposent au visage, avec toutes les nuances et tous les reliefs détaillés, faisant expulser les maux, que seule la subtilité des esprits apaisés, pourraient en faire l’interprétation.

Le bruit du silence est plus audible que le vacarme des cris, sauf que les gens, préfèrent entendre le cri qu’écouter le silence. C’est en silence que les grandes choses naissent, c’est en silence qu’elles meurent également. Avez-vous déjà entendu le bruit de l’expansion de l’univers ? Avez-vous déjà entendu le son de la mort d’une étoile si gigantesque qu’elle soit ? Avez-vous entendu le crépissement d’un arbre qui grandit ? Avez-vous entendu le mouvement de la tectonique des plaques ? Pourtant, à chaque instant, une étoile meurt, l’univers se dilate, l’arbre grandit et la terre bouge rapprochant les continents les uns des autres, sans faire le moindre bruit audible par les hommes.

Le silence est une vertu dans ce monde trop bruyant. Les discussions sont devenues des bavardages qui n’avancent en rien, ne résolvant aucune problématique. Les hommes parlent trop et font peu. Ils sont devenus de pervers narcissiques, qui parlent d’eux-mêmes, de leurs exploits, de leur parcours, se considérant le centre du monde autour desquels gravitent les comètes. La consistance d’une pensée est un inversement proportionnelle à la quantité de paroles ; plus les gens parlent et moins ils sont consistants. Et moi qui souille ce bout de papier avec tant d’encres, suis-je à ce point stupide pour aller au sens interdit de la raison, tentant de déshabiller mon silence ? Ce n’est qu’un vulgaire brouillon qui fera marrer même les tartuffes et les bigots qui vont s’éclater de ce fou qui voulait leur faire écouter son silence.

Par : CHAIT Salim

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