«La construction de l’Algérie comme nation est un phénomène à regarder. Est-ce qu’il y avait une nation algérienne avant la colonisation française ? Ça, c’est la question». Tels sont les propos du Président français Emmanuel Macron qui ont soulevé l’ire du pouvoir algérien, lequel a pris à son tour quelques mesurettes afin de montrer ses muscles et ainsi calmer sa clientèle algérienne. En effet, juste après ces déclarations, Alger a rappelé son ambassadeur à Paris ” Pour consultations”, et ce matin, l’APS avait rapporté la décision des autorités algériennes de fermer son espace aérien devant les avions militaires français. 

En s’interrogeant sur l’existence de la “Nation algérienne” Emanuel Macron ne fait que soulever un fait déjà traité plus d’un demi-siècle auparavant par plusieurs personnalités algériennes et Kabyles, la plus emblématique des expressions ce fut la fameuse phrase de feu Ferhat Abbas, premier président du GPRA (gouvernement provisoire de la république algérienne), qui avait dit :”J’ai interrogé l’histoire ; j’ai interrogé les morts et les vivants, j’ai visité les cimetières : personne ne m’a parlé de l’existence de la nation algérienne”. 

C’est un fait inédit, qu’un président de la République française évoque le colonialisme turc (empire ottoman) en Algérie, ironisant sur le sujet selon le journal Le monde : “…Moi, je suis fasciné de voir la capacité qu’a la Turquie à faire totalement oublier le rôle qu’elle a joué en Algérie et la domination qu’elle a exercée. Et d’expliquer qu’on est les seuls colonisateurs, c’est génial. Les Algériens y croient”.

En Effet, les atrocités du colonialisme Ottoman, ont été tout bonnement évacuées de l’histoire officielle, pour nier la résistance de la Kabylie et ses sacrifices qui tendaient à chasser ces envahisseurs de nos terres. Aucun cours d’histoire n’est consacré aux exploits du Royaume de Koukou (1510 – 1730) et des Ait ABBAS (1508 à 1871) qui ont combattu l’envahisseur turc des siècles durant.  

En effet, la réalité sociale algérienne prouve de jour en jour que l’Algérie n’est qu’une mosaïque de nations prises au piège par une construction artificielle  de type “Etat Unitaire centralisé”, la cause première de toutes les crises passées et à venir qui risquent fortement de fragiliser tous ce sous-continent et de provoquer l’instabilité de tout le bassin méditerranéen.

La nécessité de la refondation de l’Etat algérien en particulier et de toute l’Afrique du Nord en général est une urgence vitale. Le processus dynamique qu’exige l’histoire est clairement en faveur de la liberté des peuples, les seuls qui pourront par la suite décider de la forme juridique de l’Etat qu’ils veulent construire, sans aucune contrainte, mais uniquement sur la base des intérêts communs des peuples d’Afrique du Nord.