SIRTA
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Marcus Cornelius Fronton, de son nom latin, est une personnalité historique numide de citoyenneté romaine, né vers 100 à Cirta et décédé en 166-167 à Rome. Né sous le règne de l’empereur Hadrien, il vécut sous le règne d’Antonin le pieu puis des empereurs Marc Aurèle et Lucius Aurelius dont il était le précepteur.

Écrivain, grammairien, rhéteur, homme politique, poète, avocat et philosophe, il fait ses études en Numidie puis à Carthage. A l’image des élites riches et instruites des cités méditerranéennes, Fronton était citoyen romain et faisait partie intégrante de l’élite romaine.
A l’instar d’Apulée de Madaure qui revendiquait son africanité en se déclarant mi Numide, mi Gétule, Fronton se disait «Libyen et de la religion des Libyens », comme il l’a écrit un jour à l’impératrice. De par son statut de numide riche et instruit et de par sa citoyenneté romaine, Fronton de Cirta est promu consul puis sénateur.
En 139, il est choisi par l’empereur Antonin le Pieux pour être le précepteur des deux futurs empereurs, Marc Aurèle et Lucius Aurelius, tous deux adoptés comme successeurs d’Antonin le pieux.
En 142, il devient consul et organise un réseau de solidarité des sénateurs romains et africains (libyco-numides), dont son beau-fils, C. Aufidius Victorinus, également consul romain en 155.
L’éminent Paul Monceaux en parle en ces termes : « Fronton invoquait solennellement ses dieux indigènes, Hammon et les divinités libyques ; nous savons par Minucius Felix que son discours contre les chrétiens avaient un grand retentissement au pied de l’Atlas. Dans son caractère, il avait bien les traits africains : sa manie d’exagération ; l’expansion un peu théâtrale de son affection pour Marc-Aurèle, son habitude de faire sonner haut sa protection, la jactance de ses professions de foi, sa rude franchise qui n’épargnait pas même les empereurs ». Cette empreinte africaine, précise encore Paul Monceaux, se retrouve aussi dans la langue : un mélange d’archaïsme, d’hellénisme et de mots populaires, c’était le latin qu’on parlait depuis longtemps en Numidie comme à Carthage».
Fronton qui se disait « Libyen issu de Libyens nomades » est connu pour avoir entretenu une importante correspondance mais qui n’est hélas parvenue jusqu’à nous que sous forme incomplètes et fragmentaire (voir Angelo Mai (1815 & 1823 ); Bernhard Bischoff (1956). Nous savons cependant que Fronton de Cirta échangea une abondante correspondance en latin et en grec avec les empereurs Antonin le Pieux, Marc Aurèle et Lucius Verus, avec l’historien Appien et avec divers membres des grandes familles sénatoriales romaines et numides.
Les palimpsestes (sorte de parchemin plusieurs fois réutilisés, couverts par des écritures rajoutées plus tardivement) ont révélé des fragments de discours, un traité sur l’éloquence « De eloquentia », ainsi que deux ouvrages historiques (De bello Parthico sur la campagne de Lucius Verus, Principia historiæ).
Parmi les peuples méditerranéens qui ont vécu sous l’empire romain, les berbères romanisés sont allés très loin dans leur contribution à la civilisation méditerranéenne, au développement et à l’épanouissement de ce qui donnera naissance à l’Occident moderne que nous connaissons aujourd’hui : La Numidie (Berbérie-Tamazgha) a donné à l’Occident des contingents entiers, des consuls, des sénateurs, des empereurs et une élite intellectuelle de génie notamment représentée par Apulée, Fronton, Tertullien, Saint Augustin, et bien d’autres encore qu’il nous faut nous réapproprier ou à défaut accepter d’être spolié de notre plus belle participation à l’histoire de l’humanité.
TAMDANT